Les ivoires sculptés de Dieppe

Durant plus de trois siècles, Dieppe sera l’une des cités de l’ivoire en France. C'est à ses navigateurs que la ville  doit sa belle industrie de l'ivoire. Les débuts en remontent à la fin du XIVe siècle, à la suite d'un voyage des Dieppois sur les cotes africaine, d'où ils rapportèrent des dents d'éléphant en quantités considérables.

II semblerait que, dès la fin du XIV siècle les Dieppois étaient déjà forts renommés pour leurs ouvrages en ivoire tournés. Depuis le moyen âge et jusqu'au XVIIe siècle, la plupart des tourneurs ivoiriers savaient aussi sculpter; ils réunissaient deux talents. Une intense activité ivoirière se développa alors dans la ville à partir du XVI° siècle; au XVIIème, Dieppe compta jusqu'à 300 tailleurs d'ivoire. Les Dieppois étaient passés maîtres comme ivoiriers et célèbres dans toute l'Europe, certains répondent même à des commandes des cours royales.

sculpture ivoire ancienne de Dieppe, fin du XVIIIe siècle.

(c)  SVV Alain Schmitz • Frédéric Laurent

De nombreux types d'objets et de sculpture en ivoire XVIIIème seront fabriqués dans les ateliers Dieppois. Ils atteindront un très haut degré artistique comme  des tabatières et les râpes à tabac , éventails, peignes, manches de couteaux, carnets de bal, coffrets ou encore des maquettes de bateaux entièrement en ivoire, cadrans à boussoles, statuettes représentant des marins, des pêcheurs et des marchandes à la criée. ... Dieppe est  spécialisée également dans les ivoires religieux, et notamment les petites Vierges de voyage, présentées dans une boîte et destinées aux pèlerins.

Maquette de frégate en ivoire. Travail dieppois début 19ème siècle.

 (c) La rose des vents

Au XVIIIe et XIXe, Dieppe connaît son âge d’or. De nombreux ateliers d’ivoiriers réalisent des statuettes, des objets d’art et de décoration. Les portraits en médaillons, les statuettes, figurines et bustes aux sujets religieux, mythologiques et profanes tiennent une place importante dans la production de la ville.

Boîte en ivoire  de Dieppe,

XVIIIe-XIXe siècle

Sous Louis XV,  les ivoiriers créaient de  fine sculpture ajourée, imitant la dentelle appelé mosaïque qui sert de fond a un sujet sculpté. Vers la fin du XVIIIème, les sculpteurs ivoiriers produisent de façon intensive les fameux "polletais" et « polletaises », des petites statuettes qui montrent des gens du peuple. Au XIXe, grâce à l'essort de la bourgeoisie et des touriste, Dieppe voit apparaître une production semi-artisanale d'objets en ivoire particulièrement de petits objets d’agrément et de toilette.