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Regard d'antiquaire
3 septembre 2012

La collection d'ivoires du Musée château de Dieppe

Dominant la ville et la mer, ce château (XIVe-XVIIIe s.) est l'un des plus beaux témoins des fortifications côtières de l'est de la Manche. Devenu musée en 1923, il conserve les collections municipales, rassemblées depuis la 2e moitié du XIXe siècle et qui rappellent le prestigieux passé maritime de Dieppe dès le XVIe siècle.

Véritable mémoire maritime de la ville, le Château-Musée de Dieppe abrite aujourd'hui une magnifique collection d'ivoires, une autre consacrée à la marine et diverses œuvres du XVIe siècle à nos jours. Durant plusieurs siècles, Dieppe fut un important port de commerce, lieu de départ vers les terres lointaines d'Afrique et d'Asie. Une intense activité ivoirière se développa alors dans la ville à partir du XVIe siècle.

Au fil des salles et des vitrines, vous pourrez admirer de magnifiques objets en ivoire : maquettes de bateaux entièrement en ivoire (de la coque jusqu'aux cordages), cadrans à boussoles du 17e siècle, objets religieux, râpes à tabac ou encore éventails, peignes et carnets de bal... sont l’héritage de l’importation des siècles passés

La reconstitution d'un atelier d'ivoirier permet également de montrer les outils et les techniques utilisés pour façonner ce précieux matériaux. Par ailleurs, les premières salles du musée sont consacrées à la marine : portulans, maquettes et peintures de diverses écoles liées à la mer permettent de s’imaginer comment "nos ancêtres les Dieppois" naviguaient.

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Le chateau Musée de dieppe

Les collections

  • Plus de 2000 objets d’ivoire évoquant la production de très nombreux artisans qui dès le XVe siècle travaillèrent cette matière à Dieppe
  • La collection de peintures représente l'univers marin à travers le regard des peintres des écoles nordiques, françaises et italiennes (Van Beyeren, Oudry, Recco) des XVIIe et XVIIIe siècle. Parmi cet ensemble, les paysages dieppois du XIXe siècle trouvent une place éminente, rappelant les nombreux peintres tels Isabey, Jules Noël, Boudin, Renoir, Pissarro...venus à Dieppe pendant la glorieuse période des années 1870-1915, où tout le monde culturel de France et d'Angleterre se retrouvait chaque été entre la ville, la plage et le Casino.
  • Le musée possède également l'ensemble du mobilier et les souvenirs personnels du compositeur Camille Saint-Saëns, notamment son premier piano dont il fit don au Musée entre 1889 et sa mort en 1921.
  • Autour des cent estampes de Georges Braque ou Van Dongen le musée conserve un fonds moderne et contemporain avec des oeuvres de Dufy, Lurçat, Édouard Pignon, Gilles Aillaud, Jean Fautier, Borès, André François... ainsi que quelques dépôts du FRAC Haute-Normandie et du Musée national d’art moderne.

L'ivoirerie à Dieppe

Les origines

La naissance du travail de l'ivoire à Dieppe est traditionnellement datée de la fin du XVIe siècle après la découverte au XIVe siècle des côtes de Guinée par les navigateurs dieppois. Dieppe, port important de la Manche et à proximité des ateliers traditionnels de tabletterie de l’Oise, importe le morphi (ivoire) et les artisans se transforment peu à peu en artistes jusqu'à multiplier les ateliers au cours des siècles. Ce travail connaît un rayonnement majeur dans toute l'Europe dès le début du XVIIe siècle.

L'ivoire des ateliers dieppois est fortement lié à l'histoire de la ville, à son apogée au XVIe siècle. Pourtant, si la sculpture sur ivoire s'y développe, aucune oeuvre n'est signée, et devant l'absence de source écrite sur les productions de cette période, il est difficile de définir précisément l'industrie ivoirière à Dieppe de cette période.

 

La production ivoirière du XVIIe au XXe siècle, les premiers ivoires signés

Au XVIIe s., l’ivoirerie dieppoise est déjà réputée. Les ateliers excellent notamment dans le tournage, technique déjà maîtrisée en Italie et en Autriche.

Les premiers noms connus d'ivoiriers datent du dernier tiers du XVIIe siècle, signatures qui se généralisent à partir du XVIIIe siècle. On les trouve notamment sur des portraits-médaillons en bas-relief, notamment par Mauger. Objets plus intimes, les râpes à tabac constituent un produit dérivé naturel de l’industrie tabatière issue du commerce du tabac du port.

Le XVIIIe siècle est une période brillante pour l'ivoirerie. Il se caractérise par le perfectionnement de la technique de l'ivoire ajouré, dit localement « mosaïqué », ainsi que par une plus grande finesse des pièces produites. Des objets particuliers se multiplient, tels boîtes, médaillons aux sujets galants ou historiques.

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Des dynasties d'ivoiriers, l'exemple de la famille Belleteste

Des dynasties d'ivoiriers apparaissent à partir du XVIIIe siècle, la dynastie Bellesteste donne quatre générations d'ivoiriers du XVIIIe au début du XIXe siècle.
L'un des objets les plus connus de cette famille d'ivoiriers est sans conteste la maquette de navire offerte à l'empereur Napoléon et l'impératrice Marie-Louise, le « Ville de Dieppe » appartenant aux collections du Musée National de la Marine, amené par le sculpteur, Louis Charles Vincent Belleteste, aux Tuileries.

Au XIXe siècle, grâce au développement des bains de mer sous l'impulsion de la Duchesse de Berry, toute la bonne société venant en villégiature à Dieppe commande des pièces en ivoire et notamment des bateaux.

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Vers 1850, 22 boutiques d'ivoiriers sont installées dans la grande rue de Dieppe et l'atelier de Jacques Blard forme de nombreux élèves. Auguste-Philibert Meugniot se spécialise dans les portraits médaillons en haut relief et signe un Vieillard mourant qui fit sensation à l’époque (dépôt du musée du Louvre).

En 1900, à peine quarante ivoiriers sont en activité à Dieppe, mais des dynasties comme les familles Colette, encore en activité aujourd’hui, ou Souillard font perdurer la tradition ivoirière.
Encore aujourd'hui, ce travail est exercé à Dieppe par deux ateliers, Colette et Ragault, situés rue Ango, à deux pas du port.

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La collection d'ivoires du Château-Musée, XVIe – XXe s.

Au XIXe siècle, le musée municipal développait dès sa naissance en 1864 une spécialité « ivoires » destinée aux élèves ivoiriers et aux élèves du cours municipal de dessin. Grâce à une politique d'enrichissement régulière, la collection compte aujourd'hui plus de 2000 objets issus de l'industrie ivoirière locale et est considérée comme la référence obligatoire de l'ivoirerie française post-médiévale, en France et à l'étranger.

Dès le XIXe siècle, en 1875, l’État déposait ses premiers ivoires dieppois issus des ateliers Blard (1ère moitié du XIXe s.) : Deux vases Médicis, et deux statuettes de Bacchus et Mercure, puis en 1896 deux plaques gravées par Champion (1889) d’après Poussin. En 1959, un dernier dépôt a lieu avec l’envoi des Quatre saisons de Jean-Antoine Belleteste (vers 1764).

 

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