Les peintres cèlebres et la tapisseries Aubusson

Dès le début du XIVème siècle, on fabrique à Aubusson, ville de la creuse dans la région de la Marche de belles tapisseries sur des métiers de basse lisse, technique qui permet un travail plus rapide que celui de la haute lisse. Les thèmes décoratifs de la tapisserie XVIIème sont divers, la création s’émancipe et donne naissance aux " feuilles d’Aristoloches " et aux Grandes  " Verdures " sous différentes formes animées d'un bestiaire imaginaire qui caractérisent le nouveau siècle.  Aubusson bénéficie  du savoir faire des lissiers flamands venus s'installer dans la ville qui introduisent dans la tapisserie les fonds architecturés.

En 1601, Henri IV soutient Aubusson en exemptant de droits de douane à l'entrée de Paris tous ouvrages provenant de cette ville. La tapisserie Marchoise devient florissante, et compte, dès 1637, quelque 2000 lissiers; confirmant leur développement, Louis XIV, à la demande de Colbert, accorde, en 1665, à l’ensemble  le titre de " Manufacture Royale ".

Tapisserie XVIIème d'Aubusson d'après Claude Vignon

(c) SWW Rouillac

C'est en effet la réunion sous une même législation d’ateliers privés dispersés dans la ville, disposant de leurs propres réseaux et ne répondant pas qu'aux commandes royales. La production est alors organisée par des fabricants tapissiers déléguant le travail de tissage à des ouvriers, auxquels ils fournissent dessins et matières premières (laine et soie).

La tapisserie XVIIIème sous les règnes de Louis XV et de louis XVI voit apparaître les " Pastorales " aux thèmes charmants et des scènes exotiques en réponse à l’évolution des goûts. Louis XV favorise les ateliers d' Aubusson en y envoyant des peintres de talents. L'emploi, de plus en plus répandu, de la tapisserie pour recouvrir les meubles apporta un nouvel élément de succès au développement de sa fabrication.

Tapisserie XVIIIème d'Aubusson

d'après un carton de Jean- Batiste Huet

(c) musée Grobet-Labadié à Marseille

De nombreux peintres ont permis de fabriquer des cartons des manufactures de tapisseries d'Aubusson, la gravure avait popularisé les œuvres de tous les maîtres  de cette époque. De ces peintres célèbres on retiendra particulièrement:

- Jean-Baptiste Oudry, peintre animalier à l’origine de tapisseries d’Aubusson telles que les " Fables de La Fontaine illustrées", de "verdures fines "et de chasses.

- Les œuvres de Boucher et de Watteau furent reproduites en tapisserie depuis les bergeries jusqu'aux Chinoiseries, aux sujets militaires et au scènes mythologique. Les plus grands motifs étaient réservés pour les tentures, les plus petits servaient pour les dessins de meubles.

- Les oeuvres de Le Brun, de Lancret ainsi que celles de  jean-batiste Huet qui excelle dans les scènes pastorales et légères ornèrent les tapisseries.

- Les peintres d'Aubusson  aimaient aussi à reproduire les grands sujets décoratifs de C. Gillot, en même temps qu'ils trouvaient dans ses cahiers d'ornements les encadrements, les plus gracieux et les plus variés pour leurs dessins. Le peintre Juliard paraît avoir eu la spécialité de copier des peintures de marine d'après Joseph Vernet.

Tapisserie XVIIIème " Le Jardin chinois ", Aubusson

(c )Les Arts décoratifs

Les tapisseries Marchoises se remarquent par la sobriété de leur palette. Elles comportent généralement une dizaine de gammes de couleurs constituant une trentaine de nuances, où dominent les tons verts, issus du mélange de la gaude et du pastel et de l’indigo. Le rouge est obtenu à partir des racines de garance, puis de la cochenille et du Kermès. A partir de 1665, les tissus présentèrent une gamme chromatique enrichie de nombreuses nuances de jaune, de rouge, de rose, de violet. Ces teintes chatoyantes donnaient plus d’intensité au modelé des formes.